.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


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samedi 8 avril 2017

Vientre de luz/Ventre de lumière - Myriam Montoya (1963)




J’irai encore
dans des endroits cachés
qui m’ont appartenu
et que pour des raisons claires
j’ai abandonnés

Balbutier avec peu de mots
les ravages du déracinement
me fait pousser des ailes
et diminue l’oubli

Tronquée mon errance
tronçons de vie enterrés
visages et paysages perdus

Je suis survivante
parfois tortue millénaire
parfois oiseau de proie

Trucages et astuces
j’ai appris
sur des embarcadères et des quais

J’ai croisé des frontières
et semé de l’amour
dans les mauvais pas







Sé que aun
iré a parajes recónditos
que antes fueron míos
y por obvias razones
dejé de habitar

Con mínimas palabras balbucir
los estragos del desarraigo
me hace crecer alas
y menguar el olvido

Trunca es mi errancia
tramos de vida enterrados
rostros y paisajes perdidos

Soy sobreviviente
a veces tortuga milenaria
otras ave rapaz

Trucos y astucias
he aprendido
en embarcaderos y muelles

He cruzado fronteras
y sembrado amor
en los apuros


vendredi 14 septembre 2012

Myriam Montoya (1963 - Colombie)




Vigoureuses naissent les choses
dans leur solitude
dans leur transcendance muette
elles persistent

Cendre du jour

La ruine qui ronge la pierre
est moins cruelle
que la morsure du temps
sur la chair qui tremble

Cendre du jour

Bruit de cigales
Battement de feuilles
Escargots du baiser
Trains en fuite
Voisins copulant
Horloge bruyante
Forge de démon
Mot après mot
me font succomber
dans le leurre du sommeil



Vigorosas nacen en su soledad
en su trascendencia muda
persisten las cosas

Ceniza del día

La ruina que muerde la piedra
es menos cruel
que la dentellada del tiempo
sobre la carne trémula

Ceniza del día

Ruido de chicharras
Hojas aleteando
Caracoles en el beso
Trenes dados a la fuga
Vecinos copulando
Reloj bullicioso
Forja de duende
Palabra a palabra
me hacen sucumbir
en la trampa del sueño



Mutilation

Arrivent les voix
de l’inframonde grégaire
à l’âge
où l’éclat des dahlias
et les vibrations de l’air
fêtent l’innocence

Danses
chœurs levés au soleil et à la lune
étouffent le cri

La fleur sanglante
apaise la terreur collective
et masculine

La jeune fille initiée
sur un hamac cicatrise


Mutilación

Arriban las voces
del inframundo gregario
en la edad
en que el fulgor de las dalias
y las vibraciones del aire
festejan la inocencia

Danzas
coros elevados al sol y a la luna
ahogan el grito

La flor sangrante
pacifica el terror colectivo
y masculino

La doncella iniciada
sobre una hamaca cicatriza



Biche blessée
(Frida Kahlo)

Luxurieuse sans doute la forêt
Ensoleillé encore l’instant
Habiles les chasseurs invisibles
qui t’ont percée de flèches

Etaient-ce les dieux du hasard
lançant leurs rayons
robustes et cachés entre les arbres
guettant l’envol de l’oiseau
ou la fuite du gibier
au détour d’une clairière ?

Blessée là
saignante indemne
dame furtive
biche dédaigneuse
et cornue

Fauve ta reddition à la douleur
parmi les arbres et les branches brisées

Derrière les eaux lacustres
vaste jardin celui de ton paradis


Cierva herida
(Frida Kahlo)

Frondoso sin duda el bosque
Soleado aun el instante
Diestros los invisibles cazadores
que te han saeteado

¿Fueron acaso dioses del azar
que así lanzaron sus rayos
trepados y ocultos entre los árboles
acechando el vuelo del ave
o la fuga del venado
en el claro de un recodo?

Herida allí
sangrante incólume
furtiva dama
cierva desdeñosa
y cornuda

Fiera tu rendición al dolor
entre árboles y ramas quebradas

Detrás las aguas de un lago
vasto jardín el de tu paraíso





De Fleur de refus/Flor de rechazo Editions Ecrits des Forges et Phi, 2009

mardi 21 août 2012

Myriam Montoya (1963 - Colombie)



Je reviens au jardin de l’enfance
Au sexe des fleurs

À leurs cavités leurs filaments
Aux secrets du dedans
que nous avons exploré

La persécution d’une lune
trop pleine
assiégeait nos pas

Dans la corolle abrupte de la fleur
démesuré l’œil
capte le vertige

Je reviens à la fleur impudique
À son clignement de papillon
Au sucre liquide de son sépale
À son cadavre de tulle
de danseuse épuisée

Je reviens au rut de la fleur
Au frémissement de la guêpe
Au venin qu’elle injecte
dans le verrou de mon sang


Vuelvo al jardín de la infancia
Al sexo de las flores

A sus cavidades y filamentos
A los secretos adentros
que exploramos

La persecución de una luna
demasiado plena
sitiaba nuestros pasos

En la corola abrupta de la flor
el ojo desmesurado
capta el vértigo

Vuelvo a la flor impúdica
A su parpadear de mariposa
Al líquido azúcar de su sépalo
A su cadáver de tul
de bailarina exhausta

Vuelvo al celo de la flor
Al batir de alas de la avispa
A su veneno inyectado
en el cerrojo de mi sangre


De Fleur de refus/Flor de rechazo Editions Ecrits des Forges et Phi, 2009

Myriam Montoya (1963 - Colombie)



Sur l’épiderme poussent
piquants
ferrures nickelées
métal lumineux dans la chair palpitante
perforation dans le muscle innervé
aiguille courbée dans la peau imberbe
pointes et silices
Pour ceux qui n’ont été accablés
ni par la terre ni par l’histoire

Hommes et femmes aux visages impollus
Dans la blessure ouverte
naît la certitude de la vie


Brotan en la epidermis
púas
herrajes niquelados
metal luminoso en la carne palpitante
perforación al músculo nervado
una aguja corva en la piel imberbe
aguijones y silicios
Para quienes no han sido estrujados
ni por la tierra ni por la historia

Hombres y mujeres de rostros impolutos
En la herida abierta
nace la certidumbre de la vida



Sur la soie de la peau
éclats de minéral
Diamants polyédriques dans l’aile du nez
Rubis dans les mamelons
Petites balles d’or au nombril
Anneaux dans le clitoris
Une boucle dans le gland
L’ongle métallique pousse qui griffe et caresse…
Un poinçon de silence scinde l’être
dans la raideur momentanée de l’anesthésie
Perforations
Déchirements
Rituel accessoire du gaspillage
pour exorciser le néant



Sobre la seda de la piel
destellos minerales
Diamantes poliédricos en la aleta de la nariz
Rubíes en los pezones
Balines de oro en el ombligo
Aros en el clítoris
Un pendiente en el glande
Crece la uña metálica que araña y acaricia

Un punzón de silencio escinde el ser
en la rigidez momentánea de la anestesia
Perforaciones
Desgarramientos
Ritual intrascendente del derroche
para exorcizar la nada



Quête infatigable
S’abriter de la nudité et de l’intempérie
Affûter l’obsidienne
Envenimer la flèche
Forger la lance
Tremper la lame de l’épée
Revêtir le gilet pare-balles
Imprimer sur la peau un totem avec des lignes de fanes
Tatouer l’extase de la danse
Se protéger au sein de la horde
S’échapper solitaire dans une forêt
Disparaître derrière les colonnades d’un flamboiement
Imiter la feuille
Se poster dans la boue
Se fondre dans le béton de la nuit
Dans le brouillard de l’aube revenir


Incansable búsqueda
Abrigarse de la desnudez y de la intemperie
Afilar la obsidiana
Envenenar la flecha
Forjar la lanza
Templar la hoja de la espada
Vestir un chaleco antibalas
Imprimir en la piel un tótem con líneas de hojarasca
Tatuar el éxtasis de la danza
Ampararse en la horda
Escabullirse solitario en un bosque
Desaparecer tras la columnatas del arrebol
Remedar la hoja
Apostarse entre el barro
Fundirse en el betún de la noche
En las neblinas de la aurora regresar

De Fleur de refus/Flor de rechazo Editions Ecrits des Forges et Phi, 2009

Myriam Montoya (1963 - Colombie)




J’irai encore
dans des endroits cachés
qui m’ont appartenu
et que pour des raisons claires
j’ai abandonnés

Balbutier avec peu de mots
les ravages du déracinement
me fait pousser des ailes
et diminue l’oubli

Tronquée mon errance
tronçons de vie enterrés
visages et paysages perdus

Je suis survivante
parfois tortue millénaire
parfois oiseau de proie

Trucages et astuces
j’ai appris
sur des embarcadères et des quais

J’ai croisé des frontières
et semé de l’amour
dans les mauvais pas



Sé que aun
iré a parajes recónditos
que antes fueron míos
y por obvias razones
dejé de habitar

Con mínimas palabras balbucir
los estragos del desarraigo
me hace crecer alas
y menguar el olvido

Trunca es mi errancia
tramos de vida enterrados
rostros y paisajes perdidos

Soy sobreviviente
a veces tortuga milenaria
otras ave rapaz

Trucos y astucias
he aprendido
en embarcaderos y muelles

He cruzado fronteras
y sembrado amor
en los apuros


Du livre inédit Boussole du jour/Brújula del día
(Version française avec l’auteur)


Myriam Montoya (1963 - Colombie)



Je viens de la nuit

Du rugissement de fauves
à l’affût
De la fuite par les mille portes
de l’obscurité

Je viens du feu
De la pulsation du cœur

Je viens des cantiques
du sommeil

Du culte des morts

Des enfants cachés
dans les arbustes du crépuscule

Je viens seule
agitant des rameaux
invoquant des rayons

Je viens de la nuit qui enfin
darde ses langues phosphorescentes

Je viens seule
passant la ligne du temps
avec le souffle de mon frère
qui vibre dans l’espace


Vengo de la noche

Del rugido de fieras
acechantes
De la huida por mil puertas
de la oscuridad



Vengo del fuego
de los latidos del corazón

Vengo de los cánticos
del sueño

Del culto de los muertos

De los niños ocultos
entre los arbustos del crepúsculo

Vengo sola
agitando ramos
invocando rayos

Vengo de la noche que al fin
arroja sus lenguas fosforescentes

Vengo sola
cruzando la línea del tiempo
con el aleteo vibrante
de mi hermano en el espacio



I

Doucement mon doigt prend ton pouls
gong répété
et je compte des millénaires de gestation
l’errance des continents
la goutte qui revient
ouvrant le passage à la mémoire
une profusion d’images de cet animal qui se dressant
le regard vers l’horizon jette la lance
écoute l’écho de son cri

II

Il y a dans tes battements les jours de pénuries
les accouchements sans fin peuplant le monde
les années ponctuelles de migrations et d’oublis
le piétinement des troupeaux
les rivières qui débordent
l’appréhension des fuites précipitées


les rapts et les incestes de théogonies lointaines
les ascensions d’abrupts
la faim et la soif sous la canicule
le feu et la clepsydre
la pleine mer annonçant les nuits de naufrages

III

De ton sang me parviennent
les voix rauques des tambours
les empires bâtis sur l’échine esclave
les préludes de guerre et de mort
les sabots ferrés les crinières rutilantes
les messagers du dieu de la vengeance

IV

Tes pulsations annoncent
les enclumes les marteaux
les engrenages les poulies
n’arrêtant pas de se multiplier
les rafales d’assauts
la respiration des survivants
le compte à rebours de la fin
le son
le silence
des foules s’aimant pour le dernier risque
les corps en mutation
qui cherchent l’accord
le passage vers l’infini


I

Tomo tu pulso con blandas yemas
gong repetido
cuento milenios de gestación
la errancia de los continentes
gota repitiéndose
abriendo paso a la memoria
caudal de imágenes del animal que al erguirse
mirando el horizonte lanza la jabalina
y escucha el eco de su grito

II

Vienen en tu pálpito días de penuria
incesantes partos poblando el mundo
años puntuales de migraciones y olvidos
trote de recuas
ríos salidos de madre
la aprehensión de estampidas
raptos e incestos de lejanas teogonías
ascensos por escarpados riscos
hambre y sed bajo la canícula
el fuego y la clepsidra
la pleamar anunciando noches de naufragios

III

Me llegan de tu sangre
roncos tambores
imperios construidos sobre el lomo esclavo
preludios de guerra y muerte
cascos herrados y crines relucientes
heraldos del dios de la venganza

IV

Tus pulsaciones anuncian
yunques y martillos
engranajes y poleas


que no paran de multiplicarse
ráfagas de batallas
respiración de sobrevivientes
descuento retrospectivo del fin
el sonido
el silencio
multitudes amándose en el riesgo último
la mudanza de los cuerpos
buscando el acorde
el pasadizo al infinito



La parole de la nuit monte
au-dessus des arbres et des murs
au-dessus du chant des oiseaux
au-dessus du grouillement de la foule

La parole de la nuit
s’enfonce derrière les montagnes

Les lèvres de la nuit
scellent d’un baiser la fatigue
la mort transitoire
la douleur qui palpite dans les tempes

La parole de la nuit
fait taire les villes
étouffe le bruit des trains
apaise les choses

Des lèvres de la nuit
sifflent les moussons
se lèvent les vagues
s’écoutent des voix majeures


La palabra de la noche se eleva
sobre paredes y árboles
sobre el canto de los pájaros
sobre el bullicio de la muchedumbre

La palabra de la noche
se hunde tras los montes

Los labios de la noche
sella con besos el cansancio
la muerte transitoria
el dolor palpitante en las sienes

La palabra de la noche
enmudece las ciudades
silencia los trenes
aquieta las cosas

En los labios de la noche
silban monzones
se empinan las olas
se escuchan voces mayores





De Traces/Huellas  Editions L’Oreille du Loup, 2009

lundi 20 août 2012

Myriam Montoya (1963 - Colombie)





Le rhizome griffe un réduit de lumière
La chair dans une dernière trace de vie
repose dans les tiroirs de la Morgue
Les racines perforées avec de doux fils de fer
offrent la magie du bonsaï
Un gène bombardé révèle le mystère de l’humanité
le spasme du cobaye la réussite de l’expérience

La lumière filtre l’orbe délinéant
des routes de marchandises d’armes et de narcotiques
Une femme kamikaze s’immole
le Jour du Pardon


El rizoma araña un reducto de luz
La carne con un último rastro de vida
reposa en las gavetas de la Morgue
Las raíces perforadas con alambre dulce
regalan la magia del bonsái
Un gen bombardeado revela el misterio de la humanidad
el espasmo del cobaya el logro del experimento

La luz filtra el orbe delineando
rutas de mercaderías de armas y de narcóticos
Una mujer kamikaze se inmola
el Día del Perdón






La lumière se filtre dans l’hémisphère
entre les fissures de la nuit
fêtant
des corps immobiles et fourmillants

Dans la profondeur de la blessure renaît le temps
Aurores ignées du chaos primitif
Silhouettes de l’exil
dévorées par les mâchoires de la planète
La fleur du feu
Musique de baleines
Morsure du fauve
L’intrépidité de siroccos
sur des villes à peine poussées

La lumière se filtre entre les bois
des rayons obliques entrecroisent l’ombre
de la plantation
Une épingle immobilise en plein vol
le papillon
D’indolents cantiques célèbrent
les corps tremblants qui gisent après
les batailles d’un crépuscule sanglant


La luz se filtra en el hemisferio
entre las rendijas de la noche
festejando
cuerpos inmóviles y hormigueantes

En la hondura de la herida renace el tiempo
Auroras ígneas del caos primero
Siluetas del exilio
devoradas por las mandíbulas del planeta
La flor de fuego
Música de ballenas
La dentellada de la fiera
El denuedo de sirocos
sobre ciudades recién crecidas

La luz se filtra entre bosques
rayos oblicuos entrecruzan la sombra
de la plantación
Un alfiler inmoviliza en pleno vuelo
a la mariposa
Indolentes cantares celebran
los cuerpos trémulos que yacen después
de las contiendas de un arrebol sangriento


 
De Fleur de refus/Flor de rechazo Editions Ecrits des Forges et Phi, 2009