.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


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vendredi 7 avril 2017

Vientre de luz/Ventre de lumière - Andrea Cote (1981)





Center


Á quatre heure et quart
parmi les voyageurs de commerce de Chinatown
je vous le dis :
j’ai survécu au tremblement de terre et à l’eau.
Je suis 1979 se cassant en deux
et ce que vous pensez à cet instant même,
je le suis aussi.
Je suis une fille douce
– je suis chinoise –
comme celle que vous croyez
on la verrait mieux silencieuse
et dépeignée
ailleurs
et non ici,
on la verrait très bien nue
et allongée
dans un tableau de Modigliani.
Je suis elle,
oui,
et bien sûr,
monsieur,
je suis Modigliani.

Je suis la pointe de l’étoile
et le bout de papier qui tombe du ciel les jours d’anniversaires,
l’auteur de la théorie
affirmant que l’esprit
est l’os qui ne peut être rongé.

Je suis le désir de se briser et de dire quelque chose.

Je ne peux pas payer la place de ciné,
mais je joue dans tous les films
c’est pour ça que je suis sale
et fatigué
et plus triste que Dieu.

Á cette heure je suis le carton
et la masse,
la natte en papier
et le coin de rue violet
et ce que tu as oublié dans la gare.

Je suis le pied à l’étrier
et la dernière chose à quoi Paul a pensé
et je suis capable de dire n’importe quoi parce que je suis sale
et je ne peux pas me payer la place de ciné.

Je suis l’auteur de la théorie de l’esprit,
je suis un côté de l’esprit,
je suis la fille idéale.
En vérité,
monsieur,
je suis Chinatown,
à toute heure
et à l’excès,
j’ai une rue dans chaque coin du monde
et je suis,
naturellement
la seule chose qui nous reste.


Center


A las cuatro y cuarto
entre los viajantes de Chinatown
le digo:
yo sobreviví al terremoto y al agua.
Soy 1979 partiéndose en dos
y lo que usted piensa ahora mismo,
también lo soy.
Soy una muchacha suave
–soy china–
como esa que usted cree
se vería mejor callada
y despeinada
en otra parte
y no aquí,
que se vería muy bien desnuda
y estirada
en un cuadro de Modigliani.
Soy ella,
sí,
y por supuesto,
señor,
yo soy Modigliani.

Soy la punta de la estrella
y la cosa de papel que cae desde el aire en los aniversarios,
el autor de la teoría
de que el espíritu
es el hueso que no se puede roer.
 

Soy las ganas de romperse y de decir algo.
No puedo pagar la entrada al cine,
pero salgo en todas las películas
y por eso estoy sucio
y cansado
y más triste que dios.

A esta hora soy el cartón
y la masa,
la esterilla de papel
y la esquina morada
y lo que dejaste en la estación.

Soy el pie en el estribo
y la última cosa en que pensó Paul
y soy capaz de decir cualquier cosa porque estoy sucio
y no puedo pagarme la entrada al cine.

Soy el autor de la teoría del espíritu,
soy un lado del espíritu,
soy la muchacha ideal.
En verdad,
señor,
yo soy Chinatown,
a toda hora
y en demasía,
tengo una calle en cada esquina del mundo
y soy,
naturalmente,
lo único que nos queda.




dimanche 22 mars 2015

Andrea Cote (1981 - Colombie)





Port en ruine


Si tu savais qu’en dehors de la maison,
attaché à la rive du port en ruine,
il y a un fleuve brûlant
comme les trottoirs.

Quand il touche la terre
c’est comme un désert qui s’effondre
et il ramène de l’herbe en feu
pour qu’elle grimpe le long des murs,
bien que tu aies l’impression
que le mur troublé par les lierres
soit un miracle de l’humidité
et non des cendres de l’eau.

Si tu savais
que le fleuve n’est pas fait d’eau
et n’apporte ni bateaux
ni bois,
juste de petites algues
qui grandissent dans la poitrine
d’hommes endormis.

Si tu savais que ce fleuve coule
et qu’il est comme nous,
ou comme tout ce qui tôt ou tard
doit s’enfoncer dans la terre.

Tu ne sais pas,
mais moi je l’ai déjà vu
cela fait partie des choses
qui lorsqu’elles s’en vont
semblent rester.


Puerto quebrado


Si supieras que afuera de la casa,
atado a la orilla del puerto quebrado,
hay un río quemante
como las aceras.

Que cuando toca la tierra
es como un desierto al derrumbarse
y trae hierba encendida
para que ascienda por las paredes,
aunque te des a creer
que el muro perturbado por las enredaderas
es milagro de la humedad
y no de la ceniza del agua.

Si supieras
que el río no es de agua
y no trae barcos
ni maderos,
sólo pequeñas algas
crecidas en el pecho
de hombres dormidos.

Si supieras que ese río corre
y que es como nosotros
o como todo lo que tarde o temprano
tiene que hundirse en la tierra.

Tú no sabes,
pero yo alguna vez lo he visto
hace parte de las cosas
que cuando se están yendo
parece que se quedan.




Labyrinthe


Je sais que nous marchons sur des chemins parallèles
vers le centre de quelque chose.
Mais pendant qu’il fait nuit en toi et en moi
il n’y a déjà plus de retour.
Tu n’ignores pas que pour Ariane
le fil était une façon de parvenir à l’intérieur.


Laberintos


Sé que caminamos por vías paralelas
hacia el centro de algo.
Pero mientras anochece en ti y en mí
ya no hay retorno.
No ignoras que para Ariadna
el hilo era una forma de llegar adentro.