.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


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mardi 21 août 2012

Forough Farrokhzad (1935-1967, Iran)




SEULE LA VOIX DEMEURE

Pourquoi je devrais m’arrêter, pourquoi ?
Les oiseaux ont filé vers les côtes bleues
L’horizon est vertical
L’horizon est vertical, et le mouvement une eau jaillie
Aux limites de la vision tournent les planètes lumineuses
La terre dans les hauteurs se répète
Les puits d’air se métamorphosent en tunnels communicants
Et le jour est une étendue qui dépasse les idées du ver à journal

Pourquoi je devrais m’arrêter ?
Le chemin traverse les vaisseaux de la vie
L’environnement au creux de l’utérus de la lune
Tuera les cellules contaminées
Et dans l’espace chimique de l’aube
Seule la voix demeure
Seule la voix attirera les particules du temps
Pourquoi je devrais m’arrêter ?

Qu’est-ce qu’un marécage
Sinon une frayère d’insectes corrompus
Des têtes gonflées des cadavres sortent les pensées de la morgue
Le lâche dissimule sa lâcheté dans le noir
Et quand c’est le cafard qui parle pourquoi je devrais m’arrêter ?
L’œuvre des lettres en plomb est vaine
Elle ne sauvera pas de la médiocrité
Je viens des arbres
Respirer l’air vicié me rend malade
L’oiseau qui mourait m’a laissé un conseil
Me souvenir de l’envol

Le but de toute force
Est de fusionner avec l’essence du soleil
De se couler dans l’intelligence de la lumière
Les moulins à vent se détraquent en toute logique
Pourquoi je devrais m’arrêter ?
Mes seins nourrissent les grappes vertes du blé
La voix, seule la voix demeure
La voix du désir limpide de l’eau à couler
La voix de l’étoile dans sa profusion lumineuse
Sur la paroi féminine de la terre
La voix concevant l’embryon du sens
Et l’expansion du partage de l’amour
La voix, la voix, seule la voix demeure

Au pays des nains
La mesure tourne toujours
Dans l’orbite du zéro
Pourquoi je devrais m’arrêter ?
J’obéis aux quatre éléments
Et le gouvernement local des aveugles
N’a pas à dicter le règlement de mon cœur

Que gémisse sans fin la sauvagerie
Dans le sexe de l’animal me laisse indifférente
Que remue sans valeur le ver
dans le vide de la chair me laisse indifférente
J’ai la lignée des fleurs dans le sang qui m’exhorte à vivre
La lignée des fleurs, vous comprenez ?


De Seule la voix demeure/Sólo la voz permanece/ تنها صداست که می ماند
Editions L’Oreille du Loup et Universidad Autónoma de Sinaloa, 2011
Version française de Stéphane Chaumet, en collaboration avec Jaleh Chegeni






تنها صداست که مي ماند 


چرا توقف کنم،چرا؟

پرنده ها به ستوي جانب آبي رفته اند

افق عمودي است

افق عمودي است و حرکت : فواره وار

و در حدود بينش

سياره هاي نوراني ميچرخند

زمين در ارتفاع به تکرار ميرسد

و چاههاي هوايي

به نقب هاي رابطه تبديل ميشوند

و روز وسعتي است

که در مخيله ي تنگ کرم روزنامه نميگنجد

چرا توقف کنم؟

راه از ميان مويرگ هاي حيات مي گذرد

کيفيت محيط کشتي زهدان  ماه

سلول هاي فاسد را خواهد کشت

و در فضاي شيميايي بعد از طلوع

تنها صداست

صدا که ذوب ذره هاي زمان خواهد شد .

چرا توقف کنم؟


 چه مي تواند باشد مرداب

چه مي تواند باشد جز جاي تخم ريزي حشرات فاسد

افکار سردخانه را جنازه هاي باد کرده رقم مي زنند .

نامرد ، در سياهي

فقدان مرديش را پنهان کرده است

و سوسک ....آه

وقتي که سوسک سخن مي گويد .

 چرا توقف کنم؟

  همکاري حروف سربي بيهوده ست .

  همکاري حروف سربي

انديشه ي حقير را نجات خواهد داد .

من از لاله ي درختانم

تنفس هواي مانده ملولم ميکند

پرنده اي که مرده بود به من پند داد که پرواز را بخاطر

 بسپارم


 نهايت تمامي نيروها پيوستن است ، پيوستن

به اصل روشن خورشيد

و ريختن به شعور نور

طبيعي است

که آسياب هاي  بادي ميپوسند

چرا توقف کنم؟

من خوشه هاي نارس گندم را

به زير پستان ميگيرم

و شير مي دهم

صدا ،  صدا ،  تنها صدا

صداي خواهش شفاف آب به جاري شدن

صداي ريزش نور ستاره بر جدار مادگي خاک

صداي انعقاد نطفه ي معني

و بسط ذهن مشترک عشق

صدا ، صدا ، صدا ، تنها صداست که ميماند


در سرزمين قد کوتاهان

معيارهاي سنجش

هميشه بر مدار صفر سفر کرده‌اند

چرا توقف کنم؟

من از عناصر چهارگانه اطاعت ميکنم

و کار تدوين نظامنامه نيست


مرا به زوزه ي دراز توحش

 درعضو جنسي حيوان چکار

مرا به حرکت حقير کرم در خلاء گوشتي چکار

مرا تبار خوني گل ها به زيستن متعهد کرده است

تبار خوني گل ها ميدانيد ؟


De Seule la voix demeure/Sólo la voz permanece/ تنها صداست که می ماند
Editions L’Oreille du Loup et Universidad Autónoma de Sinaloa, 2011
Version française de Stéphane Chaumet, en collaboration avec Jaleh Chegeni

Forough Farrokhzad (1935-1967, Iran)




UNE AUTRE NAISSANCE

Toute mon existence est un verset obscur
Qui se répète et te ramène
À l’aube des éclosions et des croissances perpétuelles
Dans ce verset
Je t’ai soupiré, j’ai soupiré
Dans ce verset
Je t’ai greffé à l’arbre, à l’eau, au feu

La vie, c’est peut-être
Une longue rue où passe chaque jour une femme avec un panier
La vie, c’est peut-être
Une corde avec laquelle un homme se pend à une branche
La vie, c’est peut-être un enfant qui revient de l’école
La vie, c’est peut-être allumer une cigarette
Dans la langueur qui s’étire entre deux étreintes
Ou c’est l’œil distrait d’un passant
Qui à un autre dit en levant son chapeau avec un sourire banale bonjour

La vie, c’est peut-être
Le moment sans issue où mon regard se dissout dans tes pupilles
Et à cette sensation je mêle la perception de la lune et des ténèbres

Dans une chambre à la mesure d’une solitude
Mon cœur, à la mesure d’un amour
Se tourne vers les raisons naïves de son bonheur
Vers le jeune arbre que tu as planté dans notre jardin
Vers les canaris qui chantent à la mesure d’une fenêtre

Ah…
C’est mon sort
C’est mon sort
Mon sort, c’est un ciel qu’un rideau m’empêche de voir
Mon sort, c’est descendre un escalier désert
Et rejoindre quelque chose dans le pourrissement et l’abandon
Mon sort, c’est marcher nostalgique sur les terres du souvenir
Et défaillir dans la tristesse d’une voix me disant :
J’aime tes mains
Je plante mes mains dans le jardin
Et je sais, je sais, je sais, je vais verdir
Et dans mes paumes violacées d’encre
Les hirondelles vont venir pondre

J’accroche deux boucles de cerises rouges à mes oreilles
Je colle des pétales de dahlia sur mes ongles
Il existe une rue
Où des garçons les cheveux en bataille
Le cou mince et les jambes maigres
Étaient amoureux de moi
Et pensent encore aux sourires innocents d’une fille
Qu’une nuit le vent à emporté

Il existe une rue que mon cœur a volé
Aux quartier de mon enfance

Forme en voyage sur la ligne du temps
Avec une forme féconder la ligne sèche du temps
La forme d’une image en conscience
Qui revient de la fête du miroir

Et c’est comme ça
Que quelqu’un meurt
Et quelqu’un reste
Aucun pêcheur ne trouvera de perle dans un pauvre ruisseau
Coulant au creux d’un fossé

Moi
Je connais une petite fée triste
Qui habite un océan
Et qui souffle son cœur dans une flûte en roseau
Si doucement, doucement
Une petite fée triste
Qui la nuit meurt d’un baiser
Et d’un baiser au matin renaîtra



De Seule la voix demeure/Sólo la voz permanece/ تنها صداست که می ماند
Editions L’Oreille du Loup et Universidad Autónoma de Sinaloa, 2011
Version française de Stéphane Chaumet, en collaboration avec Jaleh Chegeni





تولدي ديگر
 


همهء هستي من آيهء تاريکيست


که ترا در خود تکرار کنان

به سحرگاهان شکفتن ها و رستن هاي ابدي آه کشيدم ، آه

من در اين آيه ترا

به درخت و آب و آتش پيوند زدم



زندگي شايد

يک خيابان درازست که هر روز زني با زنبيلي از آن ميگذرد

زندگي شايد

ريسمانيست که مردي با آن خود را از شاخه مياويزد

زندگي شايد طفليست که از مدرسه بر ميگردد



 زندگي شايد افروختن سيگاري باشد ، در فاصلهء رخوتناک دو

همآغوشي

يا عبور گيج رهگذري باشد

که کلاه از سر بر ميدارد

و به يک رهگذر ديگر با لبخندي بي معني ميگويد " صبح بخير "



زندگي شايد آن لحظه مسدوديست

که نگاه من ، در ني ني چشمان تو خود را ويران ميسازد

ودر اين حسي است

که من آن را با ادراک ماه و با دريافت ظلمت خواهم آميخت



در اتاقي که به اندازهء يک تنهاييست

دل من

که به اندازهء يک عشقست

به بهانه هاي سادهء خوشبختي خود مينگرد

به زوال زيباي گل ها در گلدان

به نهالي که تو در باغچهء خانه مان کاشته اي

و به آواز قناري ها

که به اندازهء يک پنجره ميخوانند



آه...

سهم من اينست

سهم من اينست

 سهم من ،

آسمانيست که آويختن پرده اي آنرا از من ميگيرد

سهم من پايين رفتن از يک پله مترو کست

و به چيزي در پوسيدگي و غربت و اصل گشتن

سهم من گردش حزن آلودي در باغ خاطره هاست

و در اندوه صدايي ان دادن که به من بگويد :

" دستهايت را

 دوست ميدارم "



دستهايم را در باغچه ميکارم

سبز خواهم شد ،  ميدانم ، ميدانم ، ميدانم

و پرستوها در گودي انگشتان جوهريم

تخم خواهند گذاشت



گوشواري به دو گوشم ميآويزم

از دو گيلاس سرخ همزاد

و به ناخن هايم برگ گل کوکب ميچسبانم

کوچه اي هست که در آنجا

پسراني که به من عاشق بودند ، هنوز

با همان موهاي درهم و گردن هاي باريک و پاهاي لاغر

به تبسم هاي معصوم دخترکي ميانديشند که يک شب او را

باد با خود برد



کوچه اي هست که قلب من آن را

از محل کودکيم دزديده ست



سفر حجمي در خط زمان

و به حجمي خط خشک زمان را آبستن کردن

حجمي از تصويري  آگاه

که ز مهماني يک آينه بر ميگردد



و بدينسانست

که کسي ميميرد

و کسي ميماند



هيچ صيادي در جوي حقيري که به گودالي ميريزد ، مرواريدي

صيد نخواهد کرد .



من

پري کوچک غمگيني را

ميشناسم که در اقيانوسي مسکن دارد

و دلش را در يک ني لبک چوبين

مينوازد آرام ، آرام

پري کوچک غمگيني

که شب از يک بوسه ميميرد

و سحرگاه از يک بوسه به دنيا خواهد آمد


De Seule la voix demeure/Sólo la voz permanece/ تنها صداست که می ماند
Editions L’Oreille du Loup et Universidad Autónoma de Sinaloa, 2011
Version française de Stéphane Chaumet, en collaboration avec Jaleh Chegeni

Forough Farrokhzad (1935-1967, Iran)





LE COUPLE

La nuit tombe
Et après la nuit, l’obscurité
Et après l’obscurité
Les yeux
Les mains
Et les respirations, les respirations…
Et le bruit de l’eau
Qui goutte du robinet

Les deux points rouges
Des deux cigarettes allumées
Le tic-tac de l’horloge
Deux cœurs
Et deux solitudes



LE DON

Je parle depuis l’extrême de la nuit
Depuis l’extrême de l’obscur je parle
Depuis l’extrême de la nuit

Si tu viens me visiter mon ami
Apporte-moi une lampe et une fenêtre
Pour que je voie le flux de la rue heureuse

De Seule la voix demeure/Sólo la voz permanece/ تنها صداست که می ماند
Editions L’Oreille du Loup et Universidad Autónoma de Sinaloa, 2011
Version française de Stéphane Chaumet, en collaboration avec Jaleh Chegeni

Forough Farrokhzad (1935-1967, Iran)




POUPÉE MÉCANIQUE

Davantage encore
Tu peux te taire davantage encore

Tu peux figer ton regard à la façon des morts
Durant des heures sur la fumée d’une cigarette
Sur une tasse de café, sur la fleur élimée d’un tapis
Sur un message imaginaire qui s’efface du mur
Tu peux écarter le rideau avec des doigts raides
Voir la pluie se déverser sur la rue
Un enfant qui s’abrite sous une saillie
Des cerfs-volants coloriés, une carriole délabrée
Fuyant la place déserte dans une hâte grinçante

Tu peux demeurer inerte près du rideau
Sans rien voir, rien entendre

Tu peux crier d’une voix pas très juste :
J’aime !
Tu peux devenir une femelle saine
Et conquise dans les bras du mâle

Tu peux salir un amour candide en couchant
Avec un ivrogne, un fou, un mendiant
Une nappe de cuir pour corps
Et deux renflements de seins durs
Tu peux rabaisser en toute lucidité
N’importe quelle énigme déconcertante
Tu peux te divertir avec des mots-croisés
Tu peux te contenter d’une solution vaine
Oui, vaine, en cinq lettres

Tu peux te mettre à genoux une vie entière
Tête baissée sur le froid d’un mausolée
Tu peux aussi contempler dieu dans une tombe anonyme
Tu peux aussi racheter ta foi avec une pièce de rien du tout
Tu peux moisir dans les recoins d’une mosquée à réciter des prières
Tu peux continuer à recevoir zéro aux quatre opérations
Tu peux observer tes yeux dans leur coquille de colère
Et de la même façon un bouton terni sur une vieille chaussure
Tu peux t’évaporer comme de l’eau dans une bassine
Tu peux cacher dans un tiroir la beauté d’un instant qui te fait honte
Comme une photo ridicule prise sur le vif
Tu peux mettre l’image d’un martyr, d’un banni
Ou d’un crucifié dans un cadre vide
Tu peux accrocher des masques au mur pour dissimuler un trou
Tu peux te projeter avec d’autres images plus absurdes encore

Tu peux vivre comme une poupée mécanique
Et regarder le monde avec des yeux de verre
Tu peux rester couchée le corps bourré de paille
Des années dans une boîte tapissée de velours
Parmi les dentelles et les paillettes
Tu peux t’extasier en criant sans raison
Chaque fois qu’une main lascive te presse
Ah comme je suis heureuse !



VENDREDI

Vendredi des silences
Vendredi désert
Vendredi triste comme les vieilles allées
Vendredi des pensées mornes, malades
Vendredi des bâillements sournois
Vendredi d’aucune attente
Vendredi de la soumission

Maison vide
Maison triste

Maison qui a fermé sa porte à l’offensive de la jeunesse
Maison de l’ombre et fantôme du soleil
Maison de solitude, d’indécisions, de présages
Maison de rideaux, de livres, de buffets, d’images

Ma vie a passé, calme et sans éclat
Comme un étrange ruisseau
Au cœur de ces vendredis silencieux, déserts
Au cœur de ces maisons vides, lugubres
Calme et sans éclat, elle a passé






De Seule la voix demeure/Sólo la voz permanece/ تنها صداست که می ماند
Editions L’Oreille du Loup et Universidad Autónoma de Sinaloa, 2011
Version française de Stéphane Chaumet, en collaboration avec Jaleh Chegeni