.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


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dimanche 7 novembre 2021

Erika Aquino (1988 – Pérou)

 



Une ville englobe mes yeux…

Je m’arrête

Je contemple les voitures

La rue est une ombre affamée

qui se lève à pas de loup

et qui m’exècre la cervelle

Un chien se suicide/ je porte à ma bouche le repas

    Les heures se transfigurent

   Les maisons s’émiettent

   Les ciels se morcèlent




La mer reçoit des champignons comme des taches cubistes

Une fleur se penche à la fenêtre

La lune marche tristement avec les hommes sur le dos

    J’aime l’amour nocturne / qui s’amplifie / à chaque pas de la nausée

Ma bouche est une découverte qui déborde

de pulsions et de failles

faite pour l’océan

et le nid des oiseaux tristes





Una ciudad me abarca los ojos

Me detengo

Contemplo los autos

La calle es una sombra hambrienta

que se levanta a puntillas

y me excreta los sesos

Un perro se suicida/ me llevo el yantar a la boca

    Se transfiguran las horas

    Se desmigajan las casas

    Se desmenuzan los cielos



El mar recibe hongos como manchas cubistas

Una flor se asoma por la ventana

La luna camina triste con los hombres a cuestas

    Amo el amor nocturno / que se agiganta / a cada paso de la náusea

Mi boca es un hallazgo desbordante

de pulsiones y quebradas

hecha para el océano

y para el nido de los pájaros tristes
 

 

mardi 3 octobre 2017

Jorge Eduardo Eielson (1924-2006, Pérou)



Corps de terre

Tout ce que je vois sur terre
Me convainc que je ne serai jamais un homme
Ni une femme ni une fourmi
Pas même quelqu'un de bien élevé
Je ne me coupe ni les cheveux ni la barbe
Sauf quand le ciel me le demande
Le crocodile est mon frère chéri
Les cafards ma seule famille
Je partage avec l’herbe et le crapaud
L'amour de la pluie      avec l’araignée l’art
de dresser des châteaux de salive
Ainsi j’avance         j’avance encore
En général à quatre pattes
Sur deux chaussures
Ou bien sous un chapeau



Cuerpo de tierra

Todo lo que veo sobre la tierra
Me convence que jamás seré un hombre
Ni una mujer ni una hormiga
Y ni siquiera una persona educada
No me corto el pelo ni la barba
Sino cuando el cielo me lo pide
El cocodrilo es mi hermano querido
Las cucarachas mi única familia
Comparto con la yerba y con el sapo
El amor a la lluvia        con la araña el arte
De levantar castillos de saliva
Así avanzo       avanzo todavía
Generalmente en cuatro patas
Encima de dos zapatos
O debajo de un sombrero

jeudi 2 juin 2016

Eduardo Chirinos (1960-2016, Pérou)





Sermon sur la mort, 5

La speranza si torce,
e ti attende, ti chiama.
Sei la vita e la morte.
Il tuo passo è leggero.

Cesare Pavese, « You, Wind of March »



Le vent de mars se pose sur nos yeux et les ferme.
Léger est le pas vers la mort,
silence inutile qui pèse encore sur nos visages,
triste mémoire qui brûle encore sur nos peaux.
Combien de choses nous guettent quand la mort rôde.

Des morceaux de sel effacent le verbe de ses lèvres et sa langue
nous parle de régions encore inconnues.
(Eau est ce qu’elle dit,
eau et boue inondent pour toujours les sens).

Il reste peu une fois la douleur perdue,
juste les pâles murmures de l’oiseau qui secoue ses plumes,
la vague sueur qui mouille l’envers des miroirs.

Vent de mars, tu es venu apportant avec toi l’espoir.
Vent de mars, nous ne t’écouterons plus.




Sermón sobre la muerte, 5

La speranza si torce,
e ti attende, ti chiama.
Sei la vita e la morte.
Il tuo passo è leggero.

Cesare Pavese, « You, Wind of March »


El viento de marzo se posa en nuestros ojos y los cierra.
Ligero es el paso hacia la muerte,
silencio inútil que pesa aún en nuestros rostros,
tristísima memoria que arde aún en nuestra piel.
Cuántas cosas nos acechan cuando nos ronda la muerte.
Trozos de sal borran el verbo de sus labios y su lengua
nos habla de parajes que aún desconocemos.
(Agua es lo que dice,
agua y barro inundan para siempre los sentidos).

Perdido el dolor es poco lo que queda,
sólo el pálido gorjeo del ave sacudiendo sus plumas,
el vago sudor que empapa el revés de los espejos.

Viento de marzo, viniste trayendo contigo la esperanza.
Viento de marzo, no te escucharemos más.