.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


mardi 3 octobre 2017

Jorge Eduardo Eielson (1924-2006, Pérou)



Corps de terre

Tout ce que je vois sur terre
Me convainc que je ne serai jamais un homme
Ni une femme ni une fourmi
Pas même quelqu'un de bien élevé
Je ne me coupe ni les cheveux ni la barbe
Sauf quand le ciel me le demande
Le crocodile est mon frère chéri
Les cafards ma seule famille
Je partage avec l’herbe et le crapaud
L'amour de la pluie      avec l’araignée l’art
de dresser des châteaux de salive
Ainsi j’avance         j’avance encore
En général à quatre pattes
Sur deux chaussures
Ou bien sous un chapeau



Cuerpo de tierra

Todo lo que veo sobre la tierra
Me convence que jamás seré un hombre
Ni una mujer ni una hormiga
Y ni siquiera una persona educada
No me corto el pelo ni la barba
Sino cuando el cielo me lo pide
El cocodrilo es mi hermano querido
Las cucarachas mi única familia
Comparto con la yerba y con el sapo
El amor a la lluvia        con la araña el arte
De levantar castillos de saliva
Así avanzo       avanzo todavía
Generalmente en cuatro patas
Encima de dos zapatos
O debajo de un sombrero