.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


dimanche 7 novembre 2021

Erika Aquino (1988 – Pérou)

 



Une ville englobe mes yeux…

Je m’arrête

Je contemple les voitures

La rue est une ombre affamée

qui se lève à pas de loup

et qui m’exècre la cervelle

Un chien se suicide/ je porte à ma bouche le repas

    Les heures se transfigurent

   Les maisons s’émiettent

   Les ciels se morcèlent




La mer reçoit des champignons comme des taches cubistes

Une fleur se penche à la fenêtre

La lune marche tristement avec les hommes sur le dos

    J’aime l’amour nocturne / qui s’amplifie / à chaque pas de la nausée

Ma bouche est une découverte qui déborde

de pulsions et de failles

faite pour l’océan

et le nid des oiseaux tristes





Una ciudad me abarca los ojos

Me detengo

Contemplo los autos

La calle es una sombra hambrienta

que se levanta a puntillas

y me excreta los sesos

Un perro se suicida/ me llevo el yantar a la boca

    Se transfiguran las horas

    Se desmigajan las casas

    Se desmenuzan los cielos



El mar recibe hongos como manchas cubistas

Una flor se asoma por la ventana

La luna camina triste con los hombres a cuestas

    Amo el amor nocturno / que se agiganta / a cada paso de la náusea

Mi boca es un hallazgo desbordante

de pulsiones y quebradas

hecha para el océano

y para el nido de los pájaros tristes