BLANC SUR BLANC
« Là où grandit la danger grandit aussi ce qui sauve »
Friedrich Hölderlin
Blanc
comme l’insomnie,
comme les rideaux
qui endorment l’enfance,
comme ce mot
qu’égrènent les lèvres
quand elles réclament un lendemain ;
blanc
comme nous à l’intérieur
quand on s’éteint.
Blanc le souvenir
que la hâte a effacé ;
blanc de titane
qui submerge la spatule,
la lune s’égrène
et le faune chante
depuis le ressac.
Blanc
comme des traces
à disperser,
comme la solitude
sur le bout de la langue,
parce qu’il est impossible
de soutenir le rien.
Tulles et ombre lunaire
qui engloutissent
de leur danse ;
blanc
le vide,
poussière de chrysalides,
arrière-goût de peau
blottie dans le toucher,
blanche cette nostalgie de tout ;
le geste qui traîne
dans le dos.
La neige
murmure
leurs noms,
leurs bouches croassent et nous rêvons
d’attraper
le corbeau ;
obscurité
en rafales :
l’aube
et le nuage qui se plient ;
ils furent une fois le blanc
de figures
sobres
et soignées.
BLANCO SOBRE BLANCO
« Dónde sin embargo el peligro se halla,
crece la salvación también »
Friedrich Hölderlin
Blanco
como el insomnio,
como las cortinas
que adormecen la infancia,
como esa palabra
que desgranan los labios
cuando piden el mañana;
blanco
como nosotros por dentro
cuando nos apagamos.
Blanco
el recuerdo
que la prisa fue borrando;
el titano
embiste la espátula,
la luna se desgrana
y el fauno canta
desde la resaca.
Blanco
como huellas por
dispersar,
como la soledad
en la punta de la lengua,
porque es imposible
sostener la nada.
Tules y umbra lunar
que engullen
con su danza;
blanco
el vacío,
polvo de crisálidas,
resabio de piel
acurrucada en el tacto,
blanca esta nostalgia de todo;
el gesto rezagado
en la espalda.
La nieve
susurra
sus nombres,
graznan sus bocas y soñamos
que atrapamos
al cuervo;
oscuridad
en ráfagas:
la madrugada
y la nube que se pliegan;
fueron el blanco alguna vez
de
figuras
escuetas
y esmeradas.