.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


mercredi 5 août 2020

Eduardo Cote Lamus (1928-1964, Colombie)




Parfois pour voir je tends les bras

 

Quand pour chercher je tends les bras,

imaginant que je sépare les jours,

j’écoute la distance comme les trilles

d’un oiseau : c’est que je rends le regard.

De savoir que la lumière est juste une ombre

qui malgré notre désir ne nous appartient pas

on se sent très loin, très distant,

au-delà des os d’un aïeul.

On demande et se demande : Qui est-ce,

qu’est-ce qui m’a obligé à abandonner l’enfance ?

Laissons l’ombre nous offrir notre tour

sur terre et notre temps de cendres.

 

 

A veces para ver tiendo los brazos

 

Cuando para buscar tiendo los brazos,

imaginando que separo días,

escucho la distancia como el trino

de un ave: es que devuelvo la mirada.

Por saber que la luz es sólo sombra

que no nos pertenece aunque queramos,

nos sentimos muy lejos, muy distantes,

más allá que los huesos de un abuelo.

Uno pregunta y se pregunta: ¿Quién,

qué me ha obligado a abandonar la infancia?

Dejemos que la sombra nos depare

turno de tierra y tiempo de cenizas