.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


dimanche 26 mai 2019

Juan Arabia (1983 - Argentine)





HART CRANE TOMBE D’UN BATEAU


Lèvres éteintes
qui fêtent des portes spirituelles,
ceci n’est pas une chute, c’est l’héritage :

tes cavaliers délicats dans la tempête
viennent pour toi, comme ils viendront pour nous,
et vous, ces étrangers.

Ceci n’est pas une chute.
C’est le silence de l’exil
vers l’éternité.

C’est l’horizon qui s’étend,
puissantes portes spirituelles,
dans l’homme et la nature.


HART CRANE CAE DE UN BARCO


Apagados labios
que celebran puertas espirituales,
esto no es una caída, es el legado:

tus delicados jinetes en la tormenta
vienen por vos, como vendrán por nosotros,
y ustedes, aquellos extraños.

Esto no es una caída.
Es el silencioso exilio
hacia la eternidad.

Es el horizonte que se extiende,
poderosas puertas espirituales,
dentro del hombre y la naturaleza.




ABRACADABRA


Je vais mettre en gage mon cœur
jusqu’à ce qu’il devienne oiseau et tombent
de lui de nouvelles étoiles pour le monde
Car je voyage encore
– je suis un étranger –
et dans les villes les ponts
se taisent et me font mal.
Je vais me protéger des atrocités
et des injustices
jusqu’à ce que le soir devienne rose
et cicatrise.


ABRACADABRA


Voy a empeñar mi corazón
hasta que sea pájaro y caigan de él
nuevas estrellas para el mundo.
Porque todavía viajo
—soy un extraño—
y en las ciudades los puentes
enmudecen y me lastiman.
Voy a protegerme de las atrocidades
y de las injusticias
hasta que el atardecer sea rosado
y cicatrice.




JUGEMENT


On s’éloigne de la ville,
infortune, infortune, etcetera.
Dans laquelle on ne fait
plus de chansons.

Notre flûte est restée enfermée
dans la racine d’un saule :
détruisant le sol,
soulevant des rues et des dalles.

Nous allons loin, mes amis :
où les vaches boivent,
où la sève coule.

Nos vers ont besoin
d’être jugés,
mais sur des terres plus sauvages…


JUICIO


Nos alejamos de la ciudad,
infortunio, infortunio, etcétera.
En la que ya no hacemos
más canciones.

Nuestra flauta quedó encerrada
en la raíz de un sauce:
destruyendo el suelo,
levantando calles y baldosas.

Nos vamos lejos, amigos:
donde las vacas beben,
donde la savia fluye.

Nuestros versos necesitan
ser juzgados,
pero en tierras más salvajes…