.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


lundi 2 octobre 2017

Daniel Calabrese (1962 – Argentine)




On arrive toujours en retard


Quelqu’un a toujours était là avant.
On arrive toujours en retard.

Quoi qu’on fasse,
par exemple mettre la tête dans un vieux seau,
c’est comme se noyer dans ce qu’on appelle la mémoire.

Le poing rougi
à force d’appuyer un visage de penseur
sur des coudes et des genoux
ça fait partie d’une lettre,
d’un agenda, peut-être,
dont on fait le brouillon sur un carnet
à moitié abandonné.

Mais on s’ouvre la tête,
on y met un peu de vin
et la vie est résolue :
tout a un goût de terre.

Ça revient au même si on t’insulte au téléphone.
Tout a un goût de terre,
parce que dans ce lieu promis
quelqu’un a toujours était là avant.
On arrive toujours en retard.


Siempre llegamos tarde


Siempre alguien estuvo antes aquí.
Siempre llegamos tarde.

Cualquier cosa que uno haga,
por ejemplo meter la cabeza en un balde viejo,
es como ahogarse en eso que llaman memoria.

El puño enrojecido
de tanto apoyar una cara de pensador
sobre codos y rodillas
es parte de una agenda,
de una carta, quizás,
que ensayamos en una libreta
a medias abandonada.

Pero se abre la cabeza,
se echa un poco de vino
y ya tenemos la vida resuelta:
todo tiene gusto a tierra.

Da lo mismo si te insultan por teléfono.
Todo tiene gusto a tierra,
porque en este lugar prometido
siempre alguien estuvo antes aquí.
Siempre llegamos tarde.