.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


lundi 25 septembre 2017

Raúl Gómez Jattin (1945-1997, Colombie)



À l’intérieur du crâne pensa la voix de son père mort
« Dors dans des parcs, sur des trottoirs et des chemins
Moi je ne suis pas mort    La veillée funèbre que tu as vue
était une comédie    On ne m’a pas enterré
On a enterré une poupée de cire
Agenouille-toi devant tes bourreaux    Oh artiste
À quoi sert un artiste pauvre ?    À mourir
Tu es à la rue ?
Nous t’avons jeté dehors loin de nous
Nous avons chéri ton frère aîné
Nous lui avons enseigné depuis tout petit
comment, quand et où faire le mal
Le mal est éternel
Nous sommes éternels parce que nous savons faire le mal
Meurs loin de la joie »



Dentro del cráneo pensó la voz de su padre muerto
“Duerme en parques y aceras y caminos
Yo no he muerto    El velorio que viste
fue una comedia    No he sido enterrado
Enterraron un muñeco de cera
Arrodíllate ante tus verdugos    Oh artista
¿Para qué sirve un artista pobre?    Para morir
¿Estás tirado en la calle?
Nosotros te hemos tirado lejos de nosotros
Hemos querido a tu hermano mayor
A él lo instruimos desde pequeño
de cómo, cuándo y dónde hacer el mal
El mal es eterno
Somos eternos porque sabemos hacer el mal
Muere lejos de la alegría”