.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


vendredi 12 octobre 2012

Raúl González Tuñón (1905 – 1974, Argentine)



LES YEUX DES MORTS
QUI VOIENT NAÎTRE LES LILAS


Les morts ne sont pas seuls; il y a une activité
silencieuse et secrète, un aimable dédain
pour ceux qui ignorent les détails du passage.
Leur indifférence n’est pas totale ; ils changent les formes
et leur fantôme grandit de l’intérieur, constant, sans hâte.

Il se peut, je ne sais pas, que de ce point de vue captivant
ils regardent passer les rêves, voient naître les lilas
et découvrent soudain la défaite du temps.



LOS OJOS DE LOS MUERTOS
QUE VEN NACER LOS LILAS


Los muertos no están solos; hay una actividad
silenciosa y secreta, y un amable desdén
por aquellos que ignoran los detalles del tránsito.
Su indiferencia no es total; cambian las formas
y su fantasma va creciendo adentro, constante y sin apuro.

Es posible, no sé, que desde ese ángulo de visión cautivante
miren pasar los sueños, vean nacer las lilas
y descubran, de súbito, la derrota del tiempo.