.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


mardi 4 septembre 2012

Susana Thénon (1935-1991, Argentine)








Recherche

Je me caresse l’instinct
et le lâche
avec les autres chiens.
Je souffre,
j’essaye la mort
avec la pointe de la peur.


Búsqueda

Me acaricio el instinto
y lo largo
junto a los otros perros.
Me duelo,
pruebo la muerte
con la punta del miedo.



Maintenant

La vie est prose
coagulée en boue,
en peau
en rouge tuméfié.
La vie est cette chose domestique
que je tripote tous les jours
avec indifférence
avec la passivité d’un oiseau de basse-cour
sans rêves.
La vie n’a pas cette couleur
qu
on pressent de loin,
elle nous hypnotise
avec son arc-en-ciel
d’espoir impudique.
Et après ? après, quoi ?
Mais maintenant je pense
à la vie.
Cette prostituée.

Ahora

La vida es prosa
coagulada en barro,
en piel,
en rojo tumefacto.
La vida es esta cosa doméstica
que m
anoseo todos los días
con indiferencia,
con la pasividad de un ave de corral,
sin sueños.
La vida no tiene ese color
que se presiente de lejos,
nos hipnotiza
con su arco iris
de impúdica esperanza.
¿Y después, después qué?
Pero ahora pienso
en la vida.
Esa prostituta.