.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


dimanche 9 septembre 2012

Alberto E. Mazzocchi (1937-1960, Argentine)


Je ne peux pas te donner
mon ombre ni ma chair.
Je veux te demander
ce qui commence
ce qui garde encore
un silence de paysage blanc et détruit
une impatience inattendue
de mourir consumé et dans l’instant
comme les rouges denses de l’aurore blessée
qui agonise telle une antique créature
dans la frénésie soudaine de la terre.
Je veux te demander
l’ombre violette
et les yeux invisibles équivoques
perdus dans l’ondulation molle
des algues vertes et roses.
L’immobilité des naufragés
déposés avec lenteur
au fond de la mer
d’eaux noires et obscènes.
Je veux te demander
l’inépuisable étrangeté
de ce qui s’interpose
dans le rythme aigu du vide
comme des spectres effarés
s’en vont sans un regard.



Yo no puedo darte
mi sombra ni mi carne.
Quiero pedirte
lo que empieza
lo que aún guarda
un silencio de paisaje blanco y destruído
una inesperada impaciencia
de morise consumido y momentáneo
como los densos rojos de la aurora llagada
que agoniza como una antigua criatura
en el súbito frenesí de la tierra.
Quiero pedirte
la sombra morada
y los ojos invisibles y equívocos
extraviados en la ondulación lánguida
de las algas rosadas y verdes.
La inmovilidad de los náufragos
depositados con lentitud
en el fondo del mar
de aguas obscenas y oscuras.
Quiero pedirte
la inagotable extrañeza
de lo que se interpone
en el ritmo afilado del vacío
y como atónitos espectros de verano
se marchan sin mirarse



Alberto E. Mazzocchi s'est suicidé le 5 février 1960 à Córdoba (Argentine).