.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


mardi 25 septembre 2012

Miguel Ángel Zapata (1955 - Pérou)



On se lasse d’être seul


On se lasse d’être seul à délirer
avec sa fenêtre au milieu de la rue,
parmi la neige qui traîne
sa blancheur dans les impasses oubliées.
On se lasse d’aller chercher la
même femme aux cheveux
longs jusqu’aux pieds

C’est peut-être en ça que consiste l’art de la solitude :
écrire plusieurs fois l’île au ciel lilas
et la sveltesse du phare qui répand sa lumière sur
nos cheveux ébouriffés.

Peut-être n’est-ce que ça : une boussole sans mémoire
pour le temps qui viendra.


Uno se cansa de estar solo


Uno se cansa de estar solo delirando
con su ventana en medio de la calle,
entre la nieve que arrastra
su blancor por los callejones olvidados.
Uno se cansa de salir a buscar la
misma mujer con el cabello
largo hasta los pies.

Tal vez en eso consista el arte de la soledad:
escribir repetidas veces la isla con su cielo lila
y la esbeltez del faro que derrama su luz sobre
nuestro cabello alborotado.

Tal vez sea sólo eso: una brújula sin memoria
para el tiempo que vendrá.






Central Park


Les femmes sont plus belles quand il pleut : elles sont des sculptures d’eau en mouvement.
Les fontaines fêtent l’énergie des gazelles qui courent dans le Parc Central.
Pourquoi vit-on si ce n’est pas pour célébrer cette allure, l’agitation du sang dans le plaisir de l’observation ?
C’est pour ça que je sors les regarder quand elles courent sous les arbres, passant à travers la foule aveugle qui va sans les voir, feignant de ne rien voir ni sentir tandis que leur peau se défait. C’est une musique différente : les jambes et l’herbe comme un jazz retenant la respiration dans l’empire de la nuit.


Central Park


Las mujeres se ven más hermosas cuando llueve: son esculturas de agua en movimiento.
Las fuentes celebran la energía de las gacelas corriendo por el Parque Central.
¿Para qué vive uno si no es para celebrar este trote, la agitación de la sangre en la delicia de la observación?
Por eso salgo a mirarlas cuando van corriendo bajo los árboles, cruzando entre la multitud ciega que pasa sin verlas, aparentando no ver ni sentir mientras se les deshace la piel. Es una música distinta: las piernas y la hierba como un jazz que contiene la respiración en el imperio de la noche.