.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


lundi 24 septembre 2012

Héctor Viel Temperley (1933-1997, Argentine)




Quelqu’un me hait devant le soleil où ma mère m’a lancé. J’ai besoin d’être dans le noir, besoin de revenir à l’homme. Je ne veux pas que la jeune fille me touche, ni le ruffian, ni l’œil du pouvoir, ni la science du monde. Je ne veux pas être touché par les rêves.


Alguien me odió ante el sol al que mi madre me arrojó. Necesito estar a oscuras, necesito regresar al hombre. No quiero que me toque la muchacha, ni el rufián, ni el ojo del poder, ni la ciencia del mundo. No quiero ser tocado por los sueños.



Je crois que la mort est une chose

Je crois que la mort est une chose
qui peut se penser
même sans cerveau.
On passe devant
certaines maisons
et on les entend réclamer la mort.

Quel destin
celui de ces nouvelles façades
de maisons de départements.
J’ai entendu leurs matériaux
réclamer la mort,
revenir à ce qu’ils étaient
avant, autre part.

Ils me le réclament à moi
qui écoute penser leur mort
quand je passe à côté d’elle
et qu’ils écoutent penser la mienne.


Creo que la muerte es algo

Creo que la muerte es algo
que se puede pensar
hasta sin cerebro.
Uno pasa por delante
de algunas casas
y las oye pedir muerte.

Qué destino
el de esos nuevos frentes
de casas de departamentos.
Yo he escuchado a sus materiales
pedir muerte,
volver a ser lo que eran
antes, en cualquier parte.

Me lo piden a mí
que oigo pensar su muerte
cuando paso a su lado
y oyen pensar la mía.