.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


mardi 18 septembre 2012

Ángel González (1925-2008, Espagne)




Avenir

Ils t’appellent avenir
parce que tu ne viens jamais.
Ils t’appellent : avenir,
et ils espèrent que tu viennes
comme un animal docile
manger dans leur main.
Mais tu restes
au-delà des heures,
recroquevillé on ne sait où.

Demain ! Et demain sera un autre jour tranquille
un jour comme aujourd’hui, jeudi ou mardi,
n’importe quoi sauf ça
que nous espérons encore, encore et toujours.


Porvenir

Te llaman porvenir
porque no vienes nunca.
Te llaman: porvenir,
y esperan que tú llegues
como un animal manso
a comer en su mano.
Pero tú permaneces
más allá de las horas,
agazapado no se sabe dónde.

!Mañana! Y mañana será otro día tranquilo
un día como hoy, jueves o martes,
cualquier cosa y no eso
que esperamos aún, todavía, siempre.



Je lis des poèmes

Je lis des poèmes au hasard,
je lis sans presque penser à ce que je lis.
Quand je tombe sur un vers triste,
je sens dans mon âme comme une caresse.
Ce n’est pas que la tristesse de l'autre me soulage ;
c’est que je me sens moins seul.

Leo poemas

Leo poemas al azar,
leo casi sin pensar en lo que leo.
Cuando me encuentro un verso triste,
siento en el alma como una caricia.
No es que me alivie la tristeza ajena;
es que me siento menos solo.



Chute

Et je tombe à nouveau depuis moi-même
dans le vide,
dans le néant.
Quelle pirouette !
Je chute ou je vole ?
Je ne sais pas.
Je reçois
le coup de rigueur, et me redresse.
Me touche pour constater l'ampleur du dégât,
mais je ne me trouve nulle part.
Mon corps, où est-il ?
Seule l’âme me fait mal.
Rien de grave.


Caída

Y me vuelvo a caer desde mí mismo
al vacío,
a la nada.
¡Qué pirueta!
¿Desciendo o vuelo?
No lo sé.
Recibo
el golpe de rigor, y me incorporo.
Me toco para ver si hubo gran daño,
mas no me encuentro.
Mi cuerpo ¿dónde está?
Me duele sólo el alma.
Nada grave.