.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


lundi 20 août 2012

Mario Campaña (1959 - Equateur)





FRÈRES

“– Maintenant que tu m’as appelé, écoute-moi. Je vais te dire quoi faire, mon frère. Et suis mes conseils…
–...
– Va au cimetière et prends congé de tous.
N’oublie personne… Emporte leurs bénédictions.
–...
– …Et en arrivant, surtout fais bien
attention avec les gens.
Ne te fourre pas dans des problèmes. Ne discute pas.
–...
– Ne les regarde pas en face, dans les yeux :
les européens ils n’aiment pas ça.
–...
– Ils vont penser que tu es fou:
ne leur parle pas si tu ne les connais pas.
Et si tu les connais,
fais comme si tu ne les connaissais pas.
–...
– Pour les femmes, laisse tomber les galanteries, elles se fâcheraient.
Et ne va pas les suivre dans la rue,
ou elles appelleront la police.
–...
–...Ne te soûles pas.
Essaye de te marier avec quelqu’un de là-bas.
–...
– Réfléchis: change ta vie.

–...
–...

–...Maintenant que tu as décidé de partir, mon frère…,
oublie
ce pays. Et si tu peux,
ne reviens pas.

–...”


HERMANOS


“–Ya que me has llamado, escúchame. Te voy a decir qué hacer,
hermano. Y haz
me caso…
–...
– Anda al cementerio y despídete de todos.
No olvides a nadie… Lleva sus bendiciones.
– ...
– ...Y cuando llegues, sobre todo ten
cuidado con la gente.
no te metas en problemas. No discutas.
–...
– No los mires de frente, a los ojos:
a los europeos no les gusta eso.
–...
– Van a pensar que estás loco:
no les hables si no los conoces.
Y si los conoces,
haz como si no las conocieras.
–...
– Olvídate de piropos, que se ofenden.
Y no persigas a las mujeres en la calle,
o van a llamar a la policía.

–...

–...No te emborraches.
Trata De Casarte Con Alguien De Allá.

–...

– Piensa: haz otra vida.
–...
–...

– ...Ya que has decidido irte, hermano…,
olvídate
de este país. Y si puedes,
no vuelvas.

–...”




Bras de l’homme criant au milieu de la rue.
Bras furieux tendus au ciel.
Homme qui regarde un coup en bas un coup en face.
Cri de l’homme tremblant au milieu de la rue.
« Regardez – dit-il –, regardez tous vers ici, écoutez-moi :
Je suis celui qui meurt ».

Ensuite tout lui
avec son corps maigre
s’enfonce
dans un silence nébuleux.

Tout s’enfonce ici en son lieu,
dans son silence
nébuleux.
Brazos del hombre que grita en media calle.
Brazos furiosos extendidos al cielo.
Hombre que mira alternativamente abajo, al frente.
Grito del hombre que tiembla en media calle.
“Mirad
dice
, mirad todos hacia aquí, escuchadme:
Soy yo el que muere”.

Después todo él,
con su cuerpo flaco
se hunde
en un silencio nebuloso.

Todo se hunde aquí en su lugar,
en su silencio
nebuloso.