.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


lundi 20 août 2012

Fadir Delgado Acosta (1982 - Colombie)









Fille des poissons


Fille des mangues
Tu es venue ramasser les morts
Tu es venue ramasser la flûte
Ne t’obstine pas à soigner cette ville
Les gens se couvrent de terre pour ensuite se laver
et ce n’est rien
Fille du maïs soleil
C’est si douloureux de garder les yeux ouverts
Soutenir cette masse de chair sur les os
Fille du métal
J’ai trouvé des toiles d’araignée sur les mains et une vieille larme
Une larme de novembre dans mon oreille gauche
Tout ça à cause de cette mauvaise habitude de pleurer sur le dos
Fille du néant
Voici la flûte
Fille des songes
Il ne pleut pas
Ce n’est que la sueur de Pangu
ou peut-être les cheveux de la déesse Aditi
fatigués d’accoucher de fleuves condamnés
Voici la flûte
Fille des poissons
Je l’ai trouvée sans ses lèvres de plumes
Son corps de bois est une rue de cicatrices
Voici la flûte
Ni le dieu Pan ne pourra la sauver
Elle me regarde
C’est une flûte désormais sans paroles
Fille des eaux
Je la rêve comme le poisson héroïque de l’Inde
Et je pense à ce mythe chinois
dans lequel l’eau et le sang naissent d’un œuf noir
Fille du métal
Il ignore la colère de six heures du soir
Les eaux bouillantes de midi
Dieu de la lumière
Il ne sait pas que la flûte est morte
La flûte est un corps de cendres qui danse la danse du néant
Elle danse pour toi
Fille des mangues
Qui es venue ramasser les morts






Hija de los peces


Hija de los mangos
Has venido a recoger los muertos
Has venido a recoger la gaita
No insistas en curar a esta ciudad
La gente se cubre de tierra para luego limpiarse
y no pasa nada
Hija del maíz sol
Es tan doloroso mantener los ojos abiertos
Sostener esta masa de carne sobre los huesos
Hija de los metales
He encontrado telarañas en las manos y una lágrima vieja
Una lagrima de aquel noviembre en mi oído izquierdo
Todo es por esa mala costumbre de llorar boca arriba.
Hija de la nada
Allí esta la gaita
Hija de los sueños
No llueve
Es solo el sudor de Pangu
o tal vez los cabellos de  la diosa Aditi
cansados de parir ríos condenados

Allí está la gaita
Hija de los peces
La encontré sin sus labios de plumas
Su cuerpo de madera es una calle de cicatrices
Allí esta la gaita
Ni el dios Pan podrá salvarla
Me mira
Y ahora es una gaita sin palabras
Hija de las aguas
La sueño como el pez heroico de la India
Y pienso en aquel mito chino
en donde el agua y la sangre nacen de un huevo negro
Hija de los metales
El desconoce la ira de las seis de la tarde
Las agujas hirvientes del medio día
Dios de la luz
El no sabe que la gaita ha muerto
La gaita es un cuerpo de cenizas que danza el baile de la nada
Danza para ti
Hija de los mangos
Que has venido a recoger los muertos