.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


samedi 25 août 2012

Ana Cristina Cesar (1952-1983, Brésil)





Je regarde longtemps
le corps d’un poème
jusqu’à perdre de vue ce qui n’est pas corps
et séparé entre les dents sentir
un filet de sang
aux gencives


Olho muito tempo
o corpo de un poema
até perder de vista o que não seja corpo
e sentir separado dentre os dentes
un filete de sangue
nas gengivas





RIEN, CETTE ÉCUME

Pour outrage au désir
j’insiste dans la cruauté d’écrire
mais je ne sais pas si la déesse monte à la surface
ou si elle me punit avec ses cris.
Depuis le bord de ce bateau
je veux tellement ses seins de sirène.


NADA, ESTA ESPUMA

Por afrontamento do desejo
insisto na maldade de escrever
mas nao sei se a deusa sobe a superficie
ou apenas me castiga con seus uivos.
Da amurada deste barco
quero tanto os seios da sereia.



Ana Cristina Cesar s'est suicidée à Rio de Janeiro le 29 octobre 1983, elle avait 31 ans.