.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


mercredi 27 octobre 2021

Fabricio Estrada (1974 – Honduras)

 

Pourquoi choisit-on de mourir n’importe quel jour ?

Il est impossible de le savoir

mais le jour brûle et la nuit semble ne jamais venir

leur nuit ou la nôtre

quelle importance,

mais un arbre tourne en rond

et une famille

tombe lentement de ses branches.

Tendre la main à la lumière et la goûter

porter la bouche au doigt

et dire au monde

que c’est l’heure parfaite,

la conjonction des astres

qui s’alignent paresseusement

dans l’oranger asséché du patio ;

et mourir comme ça,

comme l’amadou d’un palmier

brodé de fourmis et de silence.

Personne ne compte puisqu’en réalité

rien ne compte quand la vie

continue pleine de monde et d’astres

et les fenêtres regardent les jours brûler

et pour les oiseaux nous sommes

cette vague présence qui, comme un arbre,

s’enroule lentement

et personne ne souffre.

On est

et voilà ! Ensuite plus rien,

une petite vibration dans le vent,

la rumeur des oiseaux qui piaillent

un arbre a disparu !

et nous comme des palmiers

comme si cela avait de l’importance

comme si c'était vrai.

 

 

Del por qué se elige morir un día cualquiera

Es improbable saberlo

pero el día arde y pareciera nunca llegar la noche

su noche o la nuestra

no importa,

pero un árbol gira en redondo

y una familia

cae lentamente de sus ramas.

Sacar la mano a la luz y probarla

llevarse la boca al dedo

y decirle al mundo

que es la hora perfecta,

la conjunción de los astros

aliñados perezosamente

en el naranjo reseco del patio;

y así morir,

como yesca de palmera

bordado de hormigas y silencio.

Nadie importa porque en realidad

nada importa cuando la vida

sigue llena de mundo y de astros

y las ventanas miran arder los días

y para los pájaros somos

aquella vaga presencia que, como árbol,

se enrosca lentamente

y a nadie sufre.

Se es y

¡voilá! después nada,

una pequeña vibración en el viento,

el cotilleo de los pájaros que graznan

¡un árbol se ha esfumado!

y nosotros como palmeras

como si importara

como si fuera cierto.