.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


mercredi 15 juillet 2020

Luisa Fernanda Trujillo Amaya (1960 – Colombie)




Ces pneus empilés dans les rues
Ces sacs que les gens portent il en dégouline du brai
qui graisse les murs des maisons
Ces cercueils blancs faisant sur commande le défilé de la mort
Ces fenêtres qu’on ferme en claquant
après une porte claquée
Ces cris et moi muette cachée derrière le mur
Cette balle et une autre balle et l’absence de Fermín
Ces yeux qui me regardent et me désignent
Ne me regardez pas puisque je suis partie
puisque je ne vois pas
puisque je n’existe pas
Cette tache de sang pur qui n’est pas à moi et qui est mienne
que je sens comme je sens bouillir tous les sangs
Ces feux coincés au rouge sang du sang
qui ne changent pas


Esas llantas arrumadas en las calles
Esos costales que la gente carga chorrean brea
untan las paredes de las casas
Esos ataúdes todos blancos hacen el desfile de la muerte por encargo
Esas ventanas de un golpe cerradas
tras otro golpe de la puerta
Esos gritos y yo muda escondida tras la tapia
Esa bala y otra bala y la ausencia de Fermín
Esos ojos que me miran y señalan
No me miren que me he ido
que no veo
que no existo
Esa mancha pura sangre que no es mía y que es mía
que siento como siento hervir todas las sangres
Ese semáforo estacionado en el rojo sangre de la sangre
que no cambia