.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


lundi 27 mai 2019

Krisma Mancía (1980 – Salvador)




Mille fois je suis morte
et il n’y a plus d’espace pour mon cimetière.
Si tu m’aimes
enterre-moi au milieu de ton cœur
laisse le saule prononcer mes noms
comme la prolongation infinie de l’air.
Si tu m’aimes
ne cherche jamais mon squelette
les gens comme moi
se cachent dans d’autres personnes
dans d’autres épitaphes
dans d’autres vies
dans d’autres villes
on revient toujours au même lieu
à l’état gazeux ou à l’état végétal.
Si tu m’aimes
oublie mon visage
et souviens-toi de la transparence de ma voix.




Mil veces he muerto
y ya no hay espacio para mi cementerio.
Si me amas
entiérrame en el centro de tu corazón
deja que el sauce pronuncie mis nombres
como la prolongación infinita del aire.
Si me amas
nunca busques mi esqueleto
gente como yo
se esconde en otras gentes
en otros epitafios
en otras vidas
en otras ciudades
siempre volvemos al mismo sitio
en estado vegetal o en estado gaseoso.
Si me amas
olvida mi rostro
y recuerda la transparencia de mi voz.