.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


mardi 21 août 2012

Natalia Litvinova (1986 - Biélorussie/Argentine)




mon corps a changé de cours.
je suis entrée dans le souvenir.
là où la lumière ne sert plus.
j’avais laissé un chemin
de mie de pain.

mais j’ai cédé à ma tentation

j’ai appelé les oiseaux.



mi cuerpo cambió de curso.
entró en el recuerdo.
allá donde no sirve la luz.
había dejado un camino
de migas de pan.

pero me tenté

llamé a los pájaros.



 
l’eau coule plus chaude, je reste sous son jet.
j’attends que la peau rougisse.
j’aime me faire du mal ainsi, sans me faire de mal.
je glisse la main vers mon sexe et je sens. le parfum
s’est perdu. il s’en est allé par un canal obscur vers la rue
imprégnant les feuilles d’automne.
me sentiront les rats, les pierres, les moineaux.
et peut-être des enfants qui jouent à lancer des bateaux en papier.


corre el agua más caliente, me paro bajo su caudal.
espero a que la piel se enrojezca.
me gusta lastimarme así, sin lastimarme.
llevo la mano hacia mi sexo, la huelo. el perfume
se perdió. se fue por un canal oscuro hacia la calle.
impregnó las hojas del otoño.
me olerán las ratas, las piedras, los gorriones.
quizá niños que jueguen a soltar barcos de papel.