.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


mardi 21 août 2012

Miguel Hernández (1910-1942, Espagne)





HORMIS TON VENTRE

Hormis ton ventre
tout est confus.

Hormis ton ventre
tout est futur
fugace, passé
en friche, trouble.

Hormis ton ventre
tout est occulte
Hormis ton ventre
tout est menaçant
tout est dernier
poussière sans monde.

Hormis ton ventre
tout est obscur
hormis ton ventre
clair et profond.


MENOS TU VIENTRE

Menos tu vientre
todo es confuso.

Menos tu vientre
todo es futuro
fugaz, pasado
baldio, turbio.

Menos tu vientre
todo es oculto,
menos tu vientre
todo inseguro,
todo postrero,
polvo sin mundo.

Menos tu vientre
todo es oscuro,
menos tu vientre
claro y profundo.



DERNIÈRE CHANSON

Peinte, elle n’est pas vide
elle est peinte ma maison
de la couleur des immenses
passions et malheurs.

Elle reviendra des larmes
où elle fut emportée
avec sa table déserte
avec son lit ravagé.

Les baisers à nouveau
s’épanouiront sur les oreillers.
Et les draps autour des corps
feront grimper leur liseron
intense, nocturne, parfumé.

Derrière la fenêtre
la haine s’atténue.

La griffe sera douce.

Laissez-moi l’espoir.


CANCION ULTIMA

Pintada, no vacía
pintada es mi casa
del color de las grandes
pasiones y desgracias.

Regresará del llanto
adonde fue llevada
con su desierta mesa
con su ruinosa cama.

Florecerán los besos
sobre las almohadas.
Y en torno de los cuerpos
elevará la sábana
su intensa enredadera
nocturna, perfumada.

El odio se amortigua
detrás de la ventana.

Será la garra suave.

Dejadme la esperanza.