.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.

Ossip Mandelstam


lundi 1 novembre 2021

Mercedes Álvarez (1979 – Argentine)

 

 

 

Au fond

je déteste les femmes

je ne supporte pas de les voir

aller et venir

aller et venir

avec leurs sacs Zara plein de tupperwares

pour conserver des biscuits,

des légumes,

la nourriture de leurs gosses.

Je ne supporte pas

leur façon de regarder avec stoïcisme

le visage du malheur

de parler sobrement avec les voisins

de pardonner

l’indifférence absolue de leur enfant.

Je ne supporte pas leurs sourires

leur manie d’aller chez le coiffeur

avant un rendez-vous

la critique

la douleur

l’expectative

la mort.

Les femmes réveillent ma misogynie

au feu rouge

je les vois traîner leur bébé dans des poussettes

et sourire en haussant les épaules

à cause de l’absence du père.

Je les vois garder leur calme les dimanches

tandis que leur marie regardent

le foot à la télévision.

On devrait enterrer les femmes

loin de leur réalité fabriquée

loin de leur langue

et de l’intelligence qu’elles n’utilisent pas

ou leur donner un break à Disneyland

c’est ce que je me dis en répondant

aux messages que mon ex a eu la bonne idée de m’écrire

à trois heures du matin

juste parce qu’il se sentait seul.

 

 

En el fondo
yo odio a las mujeres
no soporto verlas
ir y venir
ir y venir
con sus bolsas de Zara llenas de tuppers
que guardan galletas,
verduras,
la comida de los hijos.
No soporto
su manera de mirar con estoicismo
la cara de la desgracia
de hablar con los vecinos sobrias
de perdonar
la indiferencia absoluta del hijo.
No soporto sus sonrisas
sus visitas a la peluquería
antes de una cita
la crítica
el dolor
la expectativa
la muerte.
Las mujeres despiertan mi misoginia
en las paradas de los semáforos
las veo arrastrar carros con bebés
y sonreír encogiéndose de hombros
por la ausencia del padre.
Las veo mantener la calma los domingos
mientras sus maridos miran
el fútbol por televisión.
Deberían enterrar a las mujeres
lejos de su realidad fabricada
lejos de sus lenguas
y de la inteligencia que no usan
o darles un respiro en Disneylandia
digo yo mientras contesto
los mensajes que a mi ex se le ocurrió escribir
a las tres de la mañana
únicamente porque se sintió solo.