.......................................................................................................................................................................................... Photo S.C.
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.
Ossip Mandelstam
Tartares, Ouzbeks, Nénètses / tout le peuple ukrainien, / et même les Allemands de la Volga / attendent les traducteurs.
Et peut-être, en ce moment, / un Japonais / me traduit en turc / et atteint mon âme.
Ossip Mandelstam
mardi 17 mars 2015
Juan Gelman (1930–2014, Argentine)
la mémoire ne veut pas s’éteindre/
il le sait
l’animal douleur/raison
du grand silence/ombre
de ce qui déjà ne fut/vide
plein de visages
dans le non être qui insiste
comme un enfant qui cogne son sang
contre la lumière/s'est tu le morceau
familier de la bouche/
les dieux désormais immobiles
dans leur dévastation/
la memoria no se quiere apagar/
lo sabe
el animal dolor/razón
del gran silencio/sombra
de lo que ya no fue/vacío
lleno de rostros
en el no ser que insiste
como un niño golpeando su sangre
contra la luz/calló el pedazo
familiar de la boca/
los dioses ahora inmóviles
en su devastación/
▼
C’est vrai
Chaque jour
je me rapproche de mon squelette.
Il a des raisons de se montrer.
Je lui en ai fait voir de bonnes et de mauvaises
sans rien lui demander
lui toujours me demandant, sans voir
comment était le bonheur ou le malheur,
sans se plaindre, sans
distances éphémères de moi.
Maintenant qu’il scrute presque
l’air autour,
que pensera la clavicule cassée,
bijou splendide, les genoux
que j’ai traînés sur des pierres
entre de faux pardons, etcétéra.
Squelette pillé, bientôt
ta vue ne gênera plus aucune velléité.
Tu supporteras l’univers tout nu.
La Condesa DF
28 octobre 2013
Verdad es
Cada día
me acerco más a mi esqueleto.
Se está asomando con razón.
Lo metí en buenas y en feas sin preguntarle nada,
él siempre preguntándome, sin ver
cómo era la dicha o la desdicha,
sin quejarse, sin
distancias efímeras de mí.
Ahora que otea casi
el aire alrededor,
qué pensará la clavícula rota,
joya espléndida, rodillas
que arrastré sobre piedras
entre perdones falsos, etcétera.
Esqueleto saqueado, pronto
no estorbará tu vista ninguna veleidad.
Aguantarás el universo desnudo.
La Condesa DF
28 de octubre de 2013