VEILLÉE
BAPTÊME ET NOCES DU CORPS
1
S’il était possible
de quitter l’os et l’âme
et parler d’autres choses.
De choses qui ne frappent pas
qui volent
viennent dormir
rien de plus. Mais
quel est cet incendie
ces yeux qui tournent et tournent si tristes
pure moelle et mort
qui sont le goût que j’ai.
Qu’est-ce sinon la veillée de ce qui meurt en moi
et le baptême de ce qui naît en moi
Seigneur corps
je t’habille te chausse et te marie avec mes yeux
bien que j’en perde la vie.
2
Deux cent sept os
nez front ventre visage
crue du sang
chair vive
crevasse des voix et des larmes
font le corps.
Aujourd’hui en octobre
où tant bien que mal je suis parvenu
je sens la matière
proche
pénétrable comme jamais.
Aujourd’hui en octobre
où je joue
à la vie à la mort
ce que j’ai vu
les histoires cruelles
ce qui viendra un jour à m’arriver
dans ces mots qui ne sont pas les miens
qui sont au vent de milliers d’années.
Pour toujours au vent.
VELORIO BAUTISMO Y
BODAS
DEL CUERPO
1
Si fuera posible
salir del hueso y del alma
y hablar de otras cosas.
Cosas que no golpeen
vuelen
vengan a dormir
nada más. Pero
qué es este incendio
esta vuelta y vuelta de ojos tristísimos
pura médula y muerte
que tengo para sabor mío.
Qué es sino el velorio de lo que se me muere
y el bautismo de lo que me nace.
Señor cuerpo
te visto te calzo y te caso con mis ojos
aunque en esto me vaya la vida.
2
Doscientosiete huesos
nariz frente vientre cara
venida de la sangre
carne viva
barranco de las voces y los llantos
hacen el cuerpo.
Hoy de octubre
a donde mal o bien he llegado
siento la materia
cercana
penetrable como nunca.
Hoy de octubre
en que me juego a
vida o muerte
lo que vi
las crudas historias
lo que irá a pasarme alguna vez
en estas palabras que no son mías
que son del viento de miles de años.
Para siempre del viento.
▼
À COUP DE GRIFFE
Jusqu’à la venue des années de l’aube
perpétuelle, nous rêvons et souffrons dans la nuit sauvage qui nous blesse
l’âme, nous sommes la furie, chats cruels de sang dur, conquérant à coup de
griffe le matin et la vie.
A GOLPE DE ZARPA
Hasta que lleguen los años de la alborada perpetua, soñamos y sufrimos en la noche salvaje que nos hiere el alma, somos la furia, gatos crueles de sangre dura, conquistando a golpe de zarpa la mañana y la vida.