RITUELS / RITUALES
POUR SAUVER LA RÉCOLTE
Tous les hommes et toutes les femmes du village grimpaient la montagne et faisaient l’amour. Les femmes lâchaient des gémissements en accord et les hommes reproduisaient le bourdonnement des scarabées. Au village on dit que le son du désir séduit la pluie.
Todos los hombres y todas las mujeres
LE DOMPTAGE
Le Corps a des clés infinies, c’est une porte. Il les livre à n’importe qui, peu entrent. Le Corps ne sort jamais, il est corps de son corps.
Depuis les
fenêtres embuées de ses yeux il regarde le galop indomptable du temps.
LA DOMA
El Cuerpo tiene infinitas llaves, es una puerta. Las entrega a cualquiera, pocos entran. El Cuerpo nunca sale, es cuerpo de su cuerpo.
Desde las
ventanas empañadas de sus ojos mira el galope indomable del tiempo.
LIENS
Quand le jour se lève sans couleur les mites se cognent contre les fenêtres. Quand la maison grince elle répond au trille de la forêt. Quand les oiseaux se fracassent contre la mer les dunes emportent des ombres. Quand le vent pousse la carapace d’un crabe Yemaya renvoie les offrandes. Chaque fois que je me touche la poitrine une flèche me frôle.
LAZOS
Cuando amanece sin color las polillas se golpean contra las ventanas. Cuando la casa cruje responde al trino
DISPARAITRE
La nuit a emporté mon reflet, où ? J’avance à tâtons avec mon corps disparaissant. Le vent a fermé la fenêtre, ou est-ce ma main ? Le miroir est mort, il est devenu noir. Je vois l’animal qui passe, le peuplier qui tremble, pourtant mes yeux ne se voient pas. Avec le miroir mort je n’ai pas de corps, je vais vers le lac, je dors. Je me fais deux genoux, je les plante dans la terre et demande à la lumière de venir, de me dessiner.
DESAPARECER
La noche se llevó mi reflejo, ¿a dónde? Ando a tientas con mi cuerpo desapareciente. El viento cerró la ventana ¿o fue mi mano? El espejo murió, se puso negro. Veo al animal que pasa, el álamo que tiembla, pero no se ven mis ojos. Con el espejo muerto yo no tengo cuerpo, voy hacia el lago, duerme. Me hago dos rodillas, las clavo en la tierra y pido que las luces vengan, me dibujen.
MÈRE
Ma mère est vierge. Sa nudité traîne derrière comme une robe de fiancée.
Ma mère fuit. Le
vent de son ventre se débarrasse de la mauvaise herbe, les eaux s’ouvrent en
deux, la luminosité de ses seins pousse le tissu. Rien ne réussit à la
pénétrer. Alors le vin dégouline de sa bouche, le claquement des phallus
recule, sa fille naît au loin.
MADRE
Mi madre es virgen. Su desnudez se arrastra detrás
Mi madre huye.
El viento de su vientre despeja la maleza, las aguas se abren en dos, la
luminosidad de sus pechos empuja la tela. Nada consigue penetrarla. Entonces el
vino cae fuera de su boca, el chasquido de los falos retrocede, su hija nace
desde lejos.